C’est bien de la ville allemande, Ulm, dont il est question ici. Quel rapport généalogique avec ma famille si fortement ancrée dans les dures terres du causse lotois ? Simplement que la généalogie mène à tout et quelquefois permet de découvrir ou de révéler un secret de famille. Et oui, mon oncle paternel , ce parisien si bizarre avait un secret. Non, ce n’est pas celui de se ranger parmi les auvergnats de Paris. Et c’est en le levant qu’une cousine germaine naquit dans cette grande ville allemande alors que nous avions tous deux franchi la barre fatidique des cinquante ans.
J’ai commencé la généalogie il n’y a que relativement peu de temps. Mais un jour d’avril, je reçus un message d’un correspondant allemand m’écrivant en anglais. Juste avant de mettre directement cette missive à la poubelle comme un vulgaire spam qu’elle semblait être, je pus lire “Fernand Bouat†. Mon nom écrit correctement par un inconnu qui semblait de plus faire référence à mon oncle décédé depuis quelques années ? Intrigué, je pris le temps de lire ce court message et je répondis à cette “bouteille à la mer†. Ma réponse plutôt concise et prudente disait simplement que j’avais eu un oncle qui s’appelait ainsi mais que je n’avais jamais entendu parler qu’il soit allé en Allemagne. Presque par retour de courriel, je reçus de plus amples explications et quelques photos. Je reconnus bien mon oncle mais je n’avais jamais su qu’il avait fait du ski ! Et qui plus est en Forêt Noire ! J’appris donc que s’il s’agissait bien de la même personne, mon oncle avait séjourné en Allemagne et qu’il était … le grand-père de mon correspondant !
Cette fois-ci ma curiosité était comme violemment attisée par un fort courant d’air d’origine encore un peu mystérieuse. J’allais donc auprès de la source qui me semblait la plus judicieuse pour vérifier cette information : le frère de cet oncle, mon père. Il me confirma d’abord que Fernand avait bien fait un séjour en Allemagne au début des années cinquante. Il avait prévu d’y revenir mais, s’étant marié “un peu en urgence†(euphémisme pour dire que ma cousine “était en route†…), il avait repris son ancien métier de coiffeur à Aurillac. Cet oncle m’était toujours paru un peu bizarre, avec des idées personnelles étonnantes. J’informais donc mon père du contact qui venait de s’établir avec l’Allemagne. Il m’apprit alors que Marcel, un des meilleurs amis de mon oncle et que je connaissais bien, devait pouvoir être plus précis. En effet, bien que très gêné au début, il finit par consentir à me dire que mon oncle savait qu’il avait une autre fille en Allemagne. Je contactais alors ma cousine et l’informais prudemment qu’elle avait vraisemblablement une demi-soeur ! Elle m’appris alors qu’elle avait des photos que son père avait ramené en souvenir de son séjour en Allemagne. Et elle me présenta alors la même photo de mon oncle sur une paire de skis… ! Elle avait trouvé ses photos dans une boîte à chaussures après le décès de son père.
J’informais donc ma nouvelle cousine de l’aboutissement de la recherche de son père et de la confirmation que mon oncle était bien son père.
Pour moi, le plus dur restait presque à faire : informer les autres membres de la famille. Pas facile de ramener à la lumière un secret qui avait été particulièrement bien gardé. D’autant qu’une tante particulièrement exécrable sur certains côtés refuse toujours, comme je m’y attendais, de reconnaître ce nouveau cousinage. Elle ne m’adresse d’ailleurs plus la parole !
J’ai découvert à ce moment là qu’une famille qui semblait bien s’entendre pouvait avoir des divergences importantes et que dévoiler un secret de famille, était, comme je m’en doutais un peu révélateur des personnalités. J’avais entendu dire qu’il arrivait fréquemment que les recherches généalogiques amenaient la révélation de tels secrets mais le vivre soi-même était alors une situation nouvelle. Depuis, j’ai trouvé un autre secret, un peu plus ancien mais nettement plus proche du berceau familial. Je n’en ai pas encore fait état n’ayant pas de preuves présentables à la famille mais j’ai eu confirmation très récemment que ce nouveau secret existait bel et bien. Mais, là, il me faudrait faire appel à la généalogie génétique pour confirmer ce qui, pour moi, n’est plus une hypothèse mais une nouvelle piste de recherches.