Un segment est une partie de la droite limitée par ses deux extrémités." Un segment n’a ni début ni fin (à moins que chacune de ses extrémités remplissent ces deux fonctions en même temps ?) Quelle fut donc géniale l’idée d’introduire ces deux éléments afin de constituer des groupes de segments orientés identiques. Que de nouvelles découvertes n’a-t-elle pas apportée avec, entre autres, sa théorie des vecteurs...
Un segment peut donc ne pas être si simple que ça !
Mais que vient faire la vie ici ?
La vie n’est qu’un simple segment orienté : elle a bien deux extrémités que l’on nomme naissance pour l’un et mort pour l’autre et le sens du temps nous impose d’aller inexorablement d la naissance vers la mort, toujours. Quand nous avons conscience du segment des autres, c’est que nous cheminons sur notre propre segment, c’est aussi que nous existons.
Nous ne connaissons que le point de départ de notre segment quoique de manière très imparfaite. Qui se souvient en effet de sa propre naissance ? Alors nous transformons la naissance des autres en fête, en joyeuse célébration de notre propre naissance passée.
Nous savons tous, plus ou moins consciemment peut-être, que nous nous rapprochons de l’autre extrémité mais nous n’en connaissons pas la distance qui nous en sépare. Alors, nous espérons. Et nous transformons la mort des autres en triste célébration de notr propre mort à venir.
Certains étudient ces segments de vie en oubliant bien souvent qu’ils sont, eux aussi, sur l’un d’eux. Le chercheur est partie intégrante de son sujet de recherche. Comment pourrait-il alors être réellement impartial ? comment pourrait-il être vraiment objectif ?
Alors, nous continuons à espérer en la vie, à fêter la naissance, à regretter l’extrémité finale, à respecter les segments disparus, à envier les autres segments, ... tout en craignant qu’une simple paire de ciseaux ne viennent déplacer l’extrémité pas encore atteinte en fin de partie de ce jeu infernal qu’est la vie. Certains ne supportent même pas ne pas savoir, de ne pas maîtriser ce futur inaccessible et préfère s’arrêter tout de suite : ils ne sauront jamais ce qu’il y avait un peu plus loin. Dommage pour eux. Tant pis pour nous.
Écrit à Vendôme