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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

LASFARGUES Jeanne Simone 1931-2024 : C’était ma mère, c’était Maman

Quatorze générations dans le même hameau !

Mots clés : 46-Rocamadour , généalogiste , ancêtre , 46-Lafage

lundi 19 août 2024 , par Roland


Maman, tu aimais tant lire ton journal quotidien...

Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. (Jean d’Ormesson)

Maman,

tu ne voulais pas qu’on le dise mais tu étais une femme exceptionnelle. Oui, nous savons tous que tu n’as pas fait d’exploit et pas davantage une brillante carrière. Tu étais simple. Tu te voulais simple. Tu es toujours restée à ta place. Tu as traversé la vie et les épreuves avec courage sans chercher ni la gloire ni la lumière.

Tu aurais aimé poursuivre tes études mais tu as dû travailler très tôt. C’est d’ailleurs ainsi que tu as rencontré Papa à la terrasse d’un café de Rocamadour où tu étais serveuse et où il était venu boire un verre. Oui, tu étais une amadourienne, née dans une ferme du causse aride à Lafage. Tu y as vécu ton enfance tout au-dessus de la vallée de l’Alzou et du célèbre canyon de Rocamadour.

Tu étais une mère courage mais aussi une guerrière à ta façon. Pendant la dernière guerre mondiale (celle de 45), la ligne de démarcation ne passait pas bien loin et peu de personnes aujourd’hui peuvent témoigner que tu ravitaillais le maquis. Tu m’avais raconté, qu’à la vue d’un groupe de soldats nazis, tu t’étais cachée dans une cabane de pierres sèches comme il y en a tant sur le causse. Les soldats ont tiré sur les murs. Tu ne devais pas en "mener large" mais, comme Papa, tu ne voulais pas qu’on parle de cette période, période que tu voulais oublier et effacer de ta mémoire.

Tu nous as élevés, mes frères et moi, dans une ferme de Broche dont Papa avait hérité et où nous nous étions installés juste avant le terrible hiver de 1956. Il ne devait pas faire très chaud dans cette maison dont les derniers occupants étaient des maquisards du groupe de résistants de Roland Malraux. Je suppose que nous passions la nuit près du cantou...

Tu aidais Papa dans les champs mais tu faisais aussi la cuisine et t’occupais des tâches ménagères sans l’aide d’aucune machine. Tu adorais préparer des repas de fête où tes incomparables talents de cuisinières hors pair faisaient des miracles. Tu savais parfaitement coudre et tu tricotais avec merveille, adresse et intelligence. Je me souviens de ces superbes châles que tu créais au crochet de tes doigts habiles avec tes calculs quelquefois compliqués.

Tu n’as jamais vraiment quitté Broche pourtant Papa et toi étiez très heureux de venir me voir chez moi, loin de vous, là où vous m’aviez envoyé pour que je puisse poursuivre mes études. Je sais qu’en prenant de l’âge, vous regrettiez un peu ce choix qui m’avait éloigné du cocon familial.

Maintenant, tu es partie rejoindre Papa et Alain. Ne’t podi pas mei diser adishatz. Que’t disi donc adiu. Passa l’adish a Papa et a Alan [1].

Au revoir Maman.


Aujourd’hui, une page se tourne avec ton départ mamie.
On te dit « adieu » mamie et ainsi se ferme la porte de la maison de Broche. Broche, où nous avons tous, tes 8 petits-enfants, de précieux souvenirs.
Ton prénom de naissance était Jeanne mais pour nous tu étais mamie Simone.

Chez mamie Simone, les gourmands trouvaient toujours des chocos et des madeleines dans le placard.
Chez mamie Simone, ses merveilles étaient les meilleures du monde.
Dans les mains de mamie Simone, il y avait souvent des aiguilles à tricoter. Tes 8 arrières-petits-enfants ont tous été gâtés avec tes chauds habits. Quant à moi, je garde comme un précieux souvenir de toi, mes guirlandes à pompons de mon mariage, entièrement confectionnées par tes mains expertes.
Chez mamie Simone, il y avait toujours du café de prêt, tôt le matin, pour Jean-Luc et Damien qui commençaient toutes leurs journées en passant te voir. Jean-Luc qui t’a si bien entouré.
Chez mamie Simon, il y avait toujours la Dépêche [2] du jour à lire. Et comme tu disais à chaque fois à maman lorsqu’elle partait « N’oubliez pas les Dépêche ! ».

Tu avais des plaisirs simples : t’installer sur ton balcon, tes mots mêlés et ton journal à portée de main, et de là tu pouvais profiter et t’intéresser à la vie de la ferme.

Aujourd’hui, une page se tourne. Tu pars et tu vas retrouver les tiens.
Pour Sébastien et moi, c’est une branche de notre arbre généalogique qui se casse. Tu vas rejoindre Papa. Dis-lui combien il nous a tant manqué pendant toutes ces années et combien il nous manque toujours… pour tout.

Avec Estelle, Magali, Sébastien, Damien, Etienne, Corentin, Maria-Liv, Benjamin, Léonie, Ambre, Johan, Maëlie, Romie, Louisa et moi, on t’aime fort.

Vanessa (ma nièce)

La maison se sent bien seule maintenant...

Maman (mon texte de 23/04/2013)

Officiellement, ma mère ne s’appelle pas Simone mais Jeanne. Mais tout le monde l’appelle Simone. C’est très fréquent parmi ses frères et sœurs. Ma mère naquit, en 1931 à côté de Rocamadour dans un petit village aux maisons de pierres sèches, au milieu de nulle part, au-dessus de paysages somptueux pour nous mais sans doute bien plus ordinaires pour elle, dans un pays de cailloux, de murets, d’herbes rases et d’arbres chétifs.

Elle vécut dans un château, elle, la fille de pauvres paysans travailleurs, laboureurs ou manœuvriers. Elle n’y était pas servante mais, par les chemins tortueux de la destinée, ses parents étaient propriétaires de cette bâtisse que je n’ai connu qu’en ruines et que j’ai toujours baptisée château parce qu’elle est toujours flanquée de ses deux tours de pierres. Maintenant, c’est devenu un hôtel restaurant plutôt haut de gamme. Pour l’anecdote, l’ancêtre, Pierre Lasfargues, qui a acquis cette bâtisse a été surnommé "Richard", mot construit en dérision à partir de "riche" ! Mais tous ses ancêtres identifiés dans la lignée paternelle étaient quand même originaire de Lafage !

Ses deux parents s’appelaient Lasfargues, un nom très répandu dans le Haut-Quercy, mais la famille paternelle était de Gramat et l’autre de Rocamadour. Cette dernière n’avait sans doute jamais quitté ce village de Lafage. Comment puis-je poser une telle affirmation (même si j’en marque le doute avec l’expression "sans doute") ? Tout simplement parce que cette famille est signalée dans un livre terrier. Lorsque j’ai reçu une retranscription de ce document, je n’en avais jamais entendu parler et je ne savais donc absolument pas ce que c’était. Depuis 1550 environ jusqu’à la naissance de ma mère, la branche patronymique a vu ses titulaires nés dans ce village. Soit quatorze générations consécutives ! Excusez du peu !


[1Je ne peux plus te dire au revoir. Je te dis donc adieu. Passe le bonjour à Papa et à Alain

[2Quotidien du Sud-Ouest


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