Comment ? Vous ne connaissez pas les Fieux ? ce hameau quasi désert perdu au milieu du causse tout au bout d’une longue petite route tortueuse et qui ne mène nulle part ? Et pourtant c’ est celui de mes ancêtres paternels. Plus de cinquante individus portant le même patronyme que moi et dont beaucoup font partie de mes ancêtres sont nés là dans ce village très ancien puisqu’il existait à l’époque préhistorique !
Lorsque j’étais enfant, je le connaissais sous le nom de “couvent des Fieux†. Je sais maintenant que des religieuses y séjournaient dans la bâtisse principale et qu’au Moyen-Âge c’était une abbaye. Mais mes ancêtres étaient des paysans : ils habitaient dans les annexes cachées à l’arrière, des petites maisons basses et exigües, aux murs de pierres et aux toits maintenant de tuiles plates et rouges mais sans doute recouverts à l’époque de lauses (ces grandes pierres plates et lourdes).
Il y a quelques années (j’avais une dizaine d’années), monsieur Caminade (un patronyme on ne peut plus occitan) eut la tristesse de voir son chien disparaître dans un trou de lapin ou de renard (je ne sais plus trop). Du moins c’est ce qu’il croyait. Comme il l’entendit aboyer, il creusa le sol caillouteux au bas de la pente. C’était une décision bien hasardeuse quand on connaît ce coin perdu ou le sol arable n’a que quelques centimètres d’épaisseur sur des rochers calcaires dont certains sont d’une dureté extrême (calcaire rose). Mais le hasard faisant toujours bien les choses, le terrassement fut bien plus aisé qu’il n’eut put l’imaginer. Il découvrit alors l’entrée d’une nouvelle grotte. Il faut dire que dans ce coin du Quercy, il y en a partout. Après avoir délivré son chien il y revint donc pour tenter d’y pénétrer. Il eut alors la surprise de découvrir des marques peintes sur les rochers. (C’est l’histoire qui se racontait lorsque j’étais enfant). Ces marques étaient des mains en négatif. Il décida, ce qui est plutôt rare par ici, d’en informer les “autorités compétentes†en fait un spéléo-club voisin, celui de Bergerac en Dordogne. Des fouilles furent organisées et les archéologues découvrirent des peintures préhistoriques remarquables. Depuis peu, le résultat des fouilles est présenté au public. Pour en savoir davantage, consulter l’Historique de l’archéosite des Fieux à Miers publié par l’association Racines d’Alvignac (les deux photos ci-jointes viennent de ce site).
Un trou perdu à notre époque mais qui servit donc de refuge à des hommes préhistoriques. Peut-être que, parmi eux, figuraient quelques-uns de mes ancêtres puisque ma famille ne s’est guère déplacée. De toute la chaîne généalogique à laquelle je sers de dernier maillon, je dois être le seul à avoir franchi les dix kilomètres de distance pour faire ma vie !