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Un article de la Dépêche du Midi

Comment Edouard-Alfred Martel a-t-il découvert le gouffre de Padirac ?

Mots clés : villes et villages , 46-Padirac , Histoire et histoires

jeudi 9 avril 2015


C’est un trou de 33 mètres de diamètre et de 50 mètres de profondeur qui affleure depuis la nuit des temps sur le Causse de Gramat, à Padirac, dans le Lot. Une bouche béante qui jadis fascinait autant qu’elle apeurait et alimentait toutes sortes de légendes dont celle de Saint-Martin et du diable ; celle du trésor des Anglais jeté dedans lors de la guerre de Cent ans, celle encore de la dame blanche…

C’est aussi un trou de 33 mètres qui, d’un point de vue plus pratique, permettait autrefois aux paysans de faire disparaître leurs carcasses de bêtes mortes.

Enfin, c’est un trou qui va éveiller la curiosité du jeune Edouard-Alfred Martel (1859-1938) persuadé de l’existence d’une rivière souterraine au fond. Aventurier intrépide, avocat de formation, diplômé de géographie et passionné par le monde souterrain, Martel n’avait peur de rien, il descendait dans les gouffres sans savoir nager et manqua de se noyer à plusieurs reprises.

Une véritable expédition

Sa première expédition, au Puits de Padirac – on ne parlait pas encore du Gouffre – aura lieu le 9 juillet 1889, en fin d’après-midi. Descendre dans les entrailles de la terre était alors une véritable expédition qui attirait tout les gens du village. A Padirac, Martel était surnommé : « Le monsieur qui voyage dans les trous ». Il arrivait avec tout un attirail et des « sherpas » qui l’accompagnaient et organisaient pour lui la logistique. Au début, son équipement restait rudimentaire : bougies, cordes, canot Osgood... Martel avait une échelle de corde, il descendait en mocassins et gabardine dans la cavité.

« Toutefois, il était équipé d’un fil qui lui permettait de communiquer avec la surface : l’ancêtre du téléphone. Le fil le suivait tout au long de la descente », raconte d’une verve enjouée, Laetitia de Ménibus-Gravier, descendante du premier exploitant et actuelle dirigeante du site.

Martel ne descendait jamais seul, il s’entourait de trois fidèles compagnons d’aventure : Gabriel Gaupillat, Emile Foulquier et Louis Armand. Tous les quatre s’éclairent à la bougie. « Une fois, Martel a failli mourir. Il est tombé à l’eau, sa bougie s’est éteinte. Il se trouvait assez loin dans les galeries, dans le noir, et ne sachant pas revenir sauf à tâtons. Heureusement, il avait emporté deux allumettes qu’il avait pris soin d’envelopper dans un papier d’aluminium. Il a réussi à rallumer sa bougie avec la deuxième. Bref, une aventure incroyable ! », poursuit Lætitia de Ménibus-Gravier

L’appui du curé

Lors de ses expéditions, Martel bénéficiait de l’appui du curé du village, l’abbé de Laroussihle, un homme érudit, qui renseignait les villageois sur ce que cet étranger faisait au fond du trou. « Plus tard, il va expliquer à ces mêmes gens qu’on ne pouvait pas garder ces découvertes souterraines pour soi et qu’elles devraient avoir des retombées dans tout le pays, pour cela il faut qu’ils acceptent de vendre leurs terres situées au-dessus de la cavité, sachant que le tourisme est un concept qui n’existe pas encore ici », poursuit Laetitia.
Ouvert depuis 116 ans

Le gouffre de Padirac est officiellement inauguré le 10 avril 1899 avec flonflons et fanfares en présence du ministre de l’Instruction publique de l’époque. La première année, on compte 2 000 visiteurs contre 446 000 actuellement.

Lætitia de Menibus-Gravier a repris la gestion du gouffre depuis 8 ans. Elle s’est assignée une double mission : promouvoir ce monument naturel à travers son découvreur, un explorateur génial passionnant et visionnaire. « J’entretiens la mémoire de Martel », dit-elle. D’ailleurs, l’été, le gouffre de Padirac propose des visites explorateurs. Après la fermeture du site, les visiteurs découvrent, à pied ou en barque, éclairés à la lanterne, la caverne plongée dans le noir, telle qu’Edourad-Alfred Martel l’a découverte 126 ans avant eux. Une expérience unique !

Martel descendait en mocassins et gabardine dans le trou.

Le gouffre de Padirac est inauguré le 10 avril 1899.

un site géologique exceptionnel

Le spectacle qu’offre le Gouffre de Padirac est inoubliable. Après une descente à 103 mètres, la traversée de la Rivière Plane est l’un des points forts du circuit. La barque glisse dans un silence religieux entre les colonnes ruisselantes. Le bruit des gouttes d’eau se fait de plus en plus intense lorsqu’on atteint le Lac de la Pluie. Au loin, on aperçoit la grande Pendeloque, gigantesque coulée calcitique qui tombe de la voûte et s’arrête juste avant de toucher la rivière. On retrouve la terre ferme pour passer par un rétrécissement, le Pas du Crocodile, qui débouche sur la salle du Grand Dôme. Ultime étape de la visite : le lac des Gours. Extrait du « Gouffre de Padirac » de Didier Dubrana.

l Ouvert tous les jours, tel.05 65 33 64 56.

L’inventeur de la spéléologie moderne


D’un point de vue géologique, quelle est la particularité du gouffre de Padirac ?

« C’est là qu’il y a la grande stalactite de 60 mètres, c’est la Grande Pendeloque. C’est une cascade de calcite qui continue de s’allonger au fil des siècles en raison du ruissellement continu de l’eau. A Padirac, il y a aussi la salle du Grand Dôme comme élément remarquable. »

En quoi Edouard Martel est-il le père fondateur de la spéléologie moderne ?

« C’est lui qui a posé les bases de l’exploration des grottes. Sa carrière d’explorateur a débuté en 1888 par la rivière souterraine de Bramabiau, située à la frontière du Gard et de la Lozère. Il s’engouffre avec un matériel sophistiqué pour l’époque : canots démontables, échelles de corde. Son succès retentit dans tout l’Europe. »

Il est à l’origine de la première loi sur l’eau…

Oui. Un jour, Martel tombe de bateau et boit par accident l’eau de source souterraine et tombe malade. Il finit par prouver le lien entre les cadavres des animaux jetés là et la pollution. Juriste de formation, il mettra au point la première loi sur la protection de l’eau. »

Sa notoriété dépasse les frontières françaises…

« Oui, il avait une renommée internationale. Quand, il n’était pas sur les Causses du Quercy, il parcourait le monde entier, des gouffres du Caucase aux grottes américaines en passant par le Royaume Uni et la Grèce. Il devient l’expert international du sous-sol de la planète. Mais son port d’attache reste Padirac qui est « son œuvre ». C’était un homme érudit qui faisait aussi partager ses découvertes. Il a fini sa vie en donnant de nombreuses conférences de spéléologie sur les roches, les insectes des grottes… De plus, les trouvailles faites grâce à la spéléologie avec la découverte d’ossements de rennes à permis d’aller plus loin dans le domaine de la préhistoire. La spéléologie a donné de nouveaux éléments de compréhension à la vie de l’homme préhistorique. »


Voir en ligne : la Dépêche du Midi : l’article original


un article de Sophie Vigroux paru dans la Dép^che du midi du 29 mars 2015