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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

Quelques définitions en écologie

Pour une information dans le cadre de l’éducation à l’environnement

Mots clés : enseignant , écrivain

mercredi 20 septembre 1995 , par Roland


Avertissement : le texte suivant a été écrit en 1995. Ils constituaient les deux premiers chapitres d’un essai de livre qui aurait pu s’intituler « Eduquer à l’environnment ». Les aléas de la vie quotidienne (que ces aléas soient personnels ou professionnels) ont fait que ce projet n’a jamais été mené à bien et ne le sera sans doute jamais.

La planète terre était tout entière, il y a encore peu de temps « resnullius »/* [1]. Pour les indiens d’Amérique, cette notion était partie intégrante de leur philosophie de la vie. Ce fut d’abord le sol qui perdit cette qualité . Maintenant l’eau est en train de la perdre . Reste l’air. Pour combien de temps encore ne sera-t-il la propriété de personne ?

Vivre (Il vaudrait d’ailleurs mieux dire survivre . ) est devenu malgré le modernisme le combat quotidien de beaucoup d’entre nous : chômage, SDF, nouveaux pauvres, restaurants du coeur, ... en sont des témoignages . Et nous oublions alors de prendre modèle sur l’organisation des êtres vivants, sur leurs interactions qui bien que paraissant dures, violentes quelquefois, laissent toujours la place à la vie, privilégient toujours la vie et donc la survie. Il nous faut donc réapprendre à vivre, apprendre à vivre avec les autres, apprendre à vivre ensemble, apprendre ensemble à vivre .

Entre les affaires et la charité, il reste une place trop souvent négligée maintenant : celle de la vie, la vie simple, la vie
ordinaire . (On a envie de dire de la vie naturelle mais l’adjectif naturel a pris des connotations typées et donc gênantes . )

Le social, la religion, la politique, la philosophie, l’écologie constituent le quintette de base de la vie des êtres humains . Ces derniers ont pourtant tendance à oublier le dernier élément et à trop privilégier l’un (quel qu’il soit) aux dépens des autres . L’ être humain est aussi un être vivant . Des réflexions trop orientées lui ont donné « la grosse tête » et il l’a oublié . Il doit donc réapprendre .

La science du vivant navigue toujours entre deux pôles . L’un tend vers l’élémentaire, repère, distingue, sépare et cloisonne pour mieux comprendre chacun des constituants avant de les soumettre à leur tour à cette tendance pour arriver à la base du vivant, celle qui rejoint la physique : le code moléculaire de base, la chaîne d’ADN et le génôme . L’autre pôle veut aller davantage vers la vie, va vers l’assemblage, la mise en relation, les co-actions, voudrait gérer tous les paramètres, étudie donc l’environnement humain et découvre les biocénoses . Peut être qu’entre les deux, ou quelque part sur une médiatrice, existe un autre pôle encore trop complexe mais vers lequel on s’oriente : celui des systèmes vivants dans lesquels l’observateur est inclus et influe de par sa seule observation ; mais là, les balbutiements de la recherche ne restent encore que des chuchotements incompréhensibles pour la plupart d’entre nous même si nous commençons à intégrer les données qui nous sont offertes par l’analyse sytémique . Et si l’éducation intégrait l’*apprentissage* de cette nouvelle manière d’aborder notre environnement quotidien ?

QUELQUES DEFINITIONS

Un mot existe-t-il parce qu’il est dans le dictionnaire ? Ou un mot n’entre-t-il dans le dictionnaire que parce qu’il existe ? Polémique de linguistes ou de pédagogues sans nul doute . Pourtant nombre de mots surgissent et tels les mathématiques modernes n’ont de modernisme que la mode plus ou moins récente de leur fréquente utilisation . Le mot « plancton » dont depuis l’expérience de Bombard tout le monde connaît le sens a été pourtant créé à la fin du XIXè siècle. Il en est de même
avec de nombreux mots particulièrement dans le domaine de l’écologie .

Mais diront les vulgarisateurs, les journalistes et les pédagogues, toutes les disciplines scientifiques ont leur métalangage, plus ou moins ésotérique pour le profane . Pourtant tout scientifique sérieux vous dira que ce vocabulaire n’est que précis et permet des échanges fructueux, efficaces, sans contre-sens . Et les vulgarisateurs, les
journalistes et les pédagogues ont eux aussi leur langage spécial/spécialisé que nous ne comprenons pas toujours . Tout comme les écologistes . Alors ne faut-il pas commencer par quelques définitions, par l’explication de quelques mots dont certains semblent connus mais créent des contresens menant quelquefois au dialogue de sourds .

écologie - écologie politique

Il ne semble pas nécessaire ici de définir ce que sont la zoologie, la botanique, la biologie ou la physiologie . L’idée que chacun s’en fait suffit certainement en écologie .

Ecologie  : Bernard Dussart dans « Principes et applications de l’écologie » la définit comme la « science des actions, réactions et coactions des êtres vivants intimement associés à leur milieu de vie - inorganique et organique, physique et biologique - ... ».

Pour HAECKEL, l’écologie est la science qui étudie les interdépendances entre les êtres vivants et leur milieu, l’homme ne faisant pas partie de l’étude . (HAECKEL écrivait oecologie . )

Pour un géographe, l’écologie est la science qui étudie les rapports entre l’homme et la biosphère .

Pour un sociologue, l’écologie est la science qui étudie les comportements de l’homme dans la société qu’il s’est créée, dans son environnement .

Pour un naturaliste, l’écologie est la science qui étudie ce milieu vital que l’on nomme la biosphère .

Aujourd’hui, le mot « écologie » a une nette tendance politique alors qu’il désigne d’abord une science parmi les sciences dites exactes. Il veut pourtant simplement désigner la simple « étude des relations des êtres vivants avec le monde extérieur ambiant » . L’écologie dont tous les politiciens parlent devraient s’appeler écologie politique ne serait-ce que pour la distinguer de celle dont nous venons de parler. Mais ces hommes sont d’abord des hommes de pouvoir et celui-ci ne peut être acquis dans une société démocratique comme la nôtre que par l’adhésion du plus grand nombre : tous les moyens sont donc utiles pour tenter de rallier les indécis. C’est pour cela qu’une tendance commence à apparaître : ceux qui étudient et pratiquent l’écologie dans son acception scientifique se désignent de plus en plus par le terme d’écologues.

environnement

L’environnement est l’ensemble de ce qui nous entoure, nous, êtres humains. Par extension, l’environnement sert aussi à nommer, souvent de manière trop rapide, l’ensemble de ce qui entoure un ou des êtres vivants quels qu’ils soient. Chacun d’entre nous a une notion plus ou moins intuitive de ce qu’est l’environnement. Elle est générique et passe donc à peu près partout.

nature, naturel, naturaliste

Nature et naturel sont deux mots employés maintenant à « toutes les sauces ». Tous ceux qui recherchent à propos de la Nature ou apprennent à mieux la connaître évitent d’utiliser ces mots. C’est un des moyens qu’a le langage de s’adapter à l’évolution de la langue. Par contre naturaliste qui fait partie de la même famille de mots conserve son sens : personne qui se livre à l’étude des plantes, des animaux ou des minéraux (même si quelquefois la confusion est établie avec le naturaliste qui "naturalise" les animaux.

niche écologique

La niche écologique est d’abord une niche . Cette boutade cache l’origine de l’expression . Créée par Elton à la fin des années vingt, elle lui fut inspiré par son chien ! Il voulait ainsi définir tout ce qui constituait l’environnement biologique de son chien jusque dans ses rapports à la nourriture ou aux jeux . En fait il parlait sans doute de
l’habitat .

En 1970, Husson définit la niche écologique comme « l’ensemble à la fois fonctionnel et spatial occupé par une des populations constituant la biocénose » . Il n’a que le tort d’utiliser un terme mal connu pour la définition : on a ainsi toutes les chances de tomber dans le cercle vicieux du serpent qui se mord la queue . Pour définir _biocénose,_ il y a fort à parier que nous allons utiliser l’expression « niche écologique » : nous n’aurons alors guère avancé dans notre compréhension .

En 1974, Dreux la définit comme « l’ensemble des caractéristiques écologiques de l’espèce : habitat, nourriture, lieux de reproduction, résistance aux facteurs du milieu, rapports avec les espèces concurrentes ou ennemies » .

Certains n’y voient encore qu’une petite portion du « milieu naturel » . D’autres la confondent toujours avec habitat .

En 1993, Michel Lamy définit la « niche écologique » d’un animal comme la partie où il vit. Cette définition peut paraître bien simpliste quand on sait que M. Lamy est le vice-président de l’Université de Bordeaux I et co-directeur du Certificat International d’Ecologie Humaine (excusez du peu !). Pourtant elle explicite simplement ce mot bien illustré par l’exemple de Lamy : « le sanglier a pour biotope la forêt, et pour niche écologique le sol. » Pour tout un chacun, la forêt est composée d’arbres (évidences ?), mais un sanglier ne vit pas dans les arbres, ni dans les frondaisons, ni au niveau du tronc, ni dans le feuillage supérieur (ce dernier constitue une niche écologique dont on vient juste d’entreprendre l’étude), ni dans la terre, sous le sol, au niveau des racines. Sa niche écologique, c’est le niveau du sol de la forêt.

biotope

Nous venons d’utiliser au passage, un terme encore peu usité dans le grand public : le biotope. Au sens éthymologique du terme, c’est le lieu de vie (de bios et topos). Il est défini par la description de caractéristiques physiques et/ou chimiques (on dit abiotiques quand on veut jouer les scientifiques... ou qu’on l’est réellement !). Ces caractères peuvent, par exemple, être l’humidité, la températue, l’éclairement, la composition chimique des gaz,... Ce sont à ces critères que l’on fait allusion quand on dit qu’une espèce s’est adaptée. On sous-entend alors que l’espèce s’est adaptée au milieu environnant, aux caractéristiques physico-chimiques de son lieu de vie. Peut-être d’ailleurs devrait-on dire que l’espèce en s’adaptant, colonise le milieu dans lequel elle s’installe. Les cormorans sont peut-être en train de coloniser la zone des étangs de Sologne par exemple [2]

Tout être vivant occupe une zone qui lui est propre, dans laquelle il puise tous les éléments qui lui sont nécessaires à sa survie ou à sa vie. Cet espace est appelé habitat pour les animaux et station pour les plantes. Pour être plus générique, on utilise le terme de milieu. Il est quasiment synonyme de biotope mais il fait moins peur.

milieu naturel

Quant à l’expression « milieu naturel », c’est un pléonasme. En écologie, tout milieu est naturel en ce sens qu’il contient nécessairement une parcelle de nature tant qu’il possède une parcelle de vie. L’espace est-il un « milieu naturel » ? Est-il seulement un milieu au sens écologique du terme ? Est-il seulement un lieu où tout reste
possible ? Vaste problème philosophique et/ou épistémologique auquel nous ne nous attacherons pas.

population

Lorsque il a été fait allusion à l’adaptation, il était fait référence à l’espèce et non pas à l’animal. L’écologie ne considère guère l’animal comme sujet d’étude. Elle le réserve à la biologie qui s’occupe plus spécifiquement de l’individu, de la cellule ou de l’élément de base de la vie terrestre, les acides nucléiques. L_’écologie_ préfère être plus générale : elle s’occupe donc de l’espèce tout entière, de l’ensemble des animaux d’une espèce. Cet ensemble est d’abord défini par son nombre d’individus, par sa population avec ses critères de croissance, de déplacement, d’adaptation, d’évolution,...

répartition, aire de distribution

Cette population occupe un territoire suivant une densité jamais régulière, toujours variable selon la surface étudiée. L’ensemble du territoire occupé par une espèce constitue son aire de distribution qui comprend des zones à faibles, moyennes ou fortes densités. Ces densités constituent l’élément essentiel de sa répartition. Cette denière peut être très faible dans le cas d’une espèce en voie de disparition (les ours des Pyrénées par exemple) ou très forte (les chevreuils ou les sangliers en Sologne).

Bien entendu, toutes ces espèces interfèrent entre elles. Nous allons entrer là dans le domaine le plus passionnant qui soit : celui des relations entre les êtres vivants.

équilibre, écosystème, biocénose, ...

Jusqu’ici, nous n’avons défini des termes qui relevaient davantage de la description objective d’objets au sens large du terme, de l’étude d’éléments distincts et facilement repérables.

Mais ces populations, ces milieux, cet environnement, ces espèces interférent entre eux. Les espèces se maintiennent par rapport au milieu, par rapport aux autres espèces, par rapport à leur propre population. Toutes ces relations constituent une dynamique, engendrent des flux permanents, des régressions ou des expansions de populations, des déplacements, des confinements, des apparitions, des disparitions, se stabilisent pour un certain temps en équilibre instable et fragile. Cette notion d’équilibre pour un temps donné est fondamentale en écologie. Elle constitue un concept encore en évolution et à propos duquel on rencontre de plus en plus de recherches, d’études, d’essais... Beaucoup de représentations mentales engendrées par cette méconnaissance sont bien ancrées et difficiles à modifier, à faire évoluer. L’homme ne croit-il pas encore pouvoir jouer à l’apprenti sorcier et rétablir des équilibres qu’il a détruits ? créer de toutes pièces de savants assemblages qui ne restent jamais plus stables que les autres ? se substituer à la Vie pour gérer la planète qui constitue son aire de distribution ? La Nature reste la plus forte. Il n’est que de voir la rapidité qui a dépassé toutes les espérances, avec laquelle elle a su faire disparaître les traces des grandes catastrophes écologiques d’origine humaine en France telle celle dite du : « Torrey Canyon » !

consommateur, prédateur, destructeur, chaîne alimentaire, ...

Si la dernière expression et les deux premières sont bien connues, la troisième est fréquemment ommise. Et pourtant, ce sot les destructeurs qui permettent au cyvle de se fermer. Quant à la chaîne alimentaire elle est une notion qu’il vaudrait peut-être mieux abandonner parce qu’elle donne une impression de linéarité qui est totalement fausse. Les chaînes alimentaires sont imbriquées les unes dans les autres et constituent le réseau alimentaire qui serait déjà davantage explicite. Même cette conception omet la complexité de la vie. A force de vouloir simplifier, on étudie les éléments de la vie mais on en néglige les relations entre ces éléments. Or, ce sont peut-être ces relations qui sont les éléments essentiels pour déterminer la vie. En cela l’analyse systémique nous apporte bien davantage que les cloisonnements scientifiques parce qu’elle révèle la complexité de toute étude portant sur la vie. Les consommateurs et les prédateurs sont un moyen commode de décrire mais ne devrait pas être utilisé pour classer : ils ne peuvent pas être des titres de colonne ! La plupart des espèces animales étant tantôt prédatrices, tantôt consommatrices...


Ce texte a été écrit en 1995.


[1Res nullius : qui n’appartient à personne, qui
appartient à tous

[2Il faut bien comprendre ce que veut dire "l’espèce s’adapte au milieu". Ce n’est pas le cormoran qui s’adapte au milieu solognot, c’est l’espèce des cormorans qui s’adapte, c’est l’ensemble de tous les cormorans qui s’installent en Sologne qui s’adptent. Un seul cormoran ne s’adapte pas, il survit.