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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

Papa

jeudi 9 janvier 2003 , par Roland


Si les hommes pensaient à part eux quelquefois
Qu’il nous faut tous courir, et que même les rois
Ne peuvent éviter de la mort la puissance,
Ils prendraient en leur cœur un peu de patience.

Pierre de Ronsard

Né à Magnagues, village si haut perché,
Toute sa longue vie, il a vécu ici.
Par là dans les années vingt, il naissait
Auprès d’Isaïe, auprès d’Aurélie.

Ce village l’a vu jouer et s’amuser.
Il y alla à l’école en classe unique.
Il y apprit à lire, il y apprit à compter.
Mais il fut par la vie rattrapé bien trop vite.

A peine douze ans, il était déjà berger.
Plus tard, le S.T.O.i l’écarta du pays.
Mais il put revenir, se chercher, se trouver,
Sur ce causs’ tant aimé, construire son av’nir,
Le parcourir en tous sens, apprendre à le respecter.

Il trouva un jour cell’ qui partagea sa vie.
Si des fermetures, il dut un temps monter,
Il fabriqua aussi des fromages d’ici,
Avant d’assurer son vrai métier de fermier.
Il aima son travail, éleva des brebis,
Défricha, laboura ses champs, tailla ses haies
Cultiva ses terres, en récolta les fruits.
Il s’est rendu utile : des bœufs a su dresser,
Du matériel partager, des « paillers  [1] » construire.

Un jour, les trois frères, nous sommes arrivés.
Nous avons bien rempli et son temps et sa vie.
Parti de presque rien, il a su nous emmener
Et à deux, ils l’ont construit à Broche, notre nid.
Ensemble ont avancé. Ensemble ont peiné.
Ils ont tout partagé mêm’ la langue du Quercy.
Mais il sut aussi, un jour, le témoin passer
Et laisser sa place, ses animaux, ses outils.

Tolérant, généreux, toujours il partageait
Son temps et son travail, ses bras et son esprit,
Même ses coups de gueule, surtout ses amitiés.
Il aimait la justic’, haïssait l’hypocrisie.

Il a décidé de partir, de nous quitter.
Nous voici orphelins, abandonnés, sans guide.
Jamais plus ne l’entendrons râler, bougonner.
Nous ne comblerons jamais ce vide qui nous réunit.

Il voulait pas embêter, surtout pas après.
Il voulait toujours exister, encore être utile.
Son dernier credo et sa dernièr’ volonté
Rester humble, survivr’ dans la simplicité.
Nous n’avons plus de larmes tant nous en avons pleuré,
Mais il rest’ ces mots jetés comm’ des derniers cris.

C’était votre ami.
C’était leur Papy.
C’était Papa.

Á Broche, dans la nuit du 8 au 9 janvier 2003


[1Un "pailler" était autrefois l’amas construit avec les bottes de paille qui sortaient de la presse de la batteuse.

 

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