Elle s’appelait Louise et elle est née en 1821 à Champrond dans l’Eure-et-Loir. Elle était le sixième enfant dans une fratrie de huit (au moins). Elle n’avait que 13 ans quand sa mère est morte à Chartres. Son deuxième prénom était Espérance.
En 1839, elle habite Paris dans le onzième arrondissement et elle est couturière. C’est là qu’elle a son premier enfant, Jules, de père inconnu. Elle n’a que 18 ans. Son fils sera élevé en Loir-et-Cher, sans doute placé dans une famille.
La légende familiale rapporte que le père était un guadeloupéen noir. Sa petite fille, Marie Anne que tout le monde appelait Adèle avait la peau vraiment très foncée, beaucoup plus que les peaux tannées des paysans de l’époque. La légende aurait-elle une part de vérité ?
Peut-être qu’elle a simplement rencontré un de ces jeunes esclaves noirs qui avaient été amenés en France pour y être "éduqué" selon les "bons préceptes". Peut-être qu’ils se sont beaucoup aimés. Peut-être qu’avec la fin de l’esclavage, il a pu repartir chez lui aux Antilles. Peut-être qu’il ne savait pas que Louise attendait un enfant. Peut-être que, s’il avait su, il serait resté. Peut-être que la vie de Louise, de Jules, de Marie Anne, de ce père inconnu (et probablement de bien d’autres) aurait été complètement différente. Peut-être qu’elle a beaucoup pleuré.
Elle finira par se consoler et aura un autre enfant, Théodore, en 1856 alors qu’elle habitait Montrouge. Mais voilà, l’histoire se répète toujours et le père est déclaré inconnu. Quelques années plus tard, elle reviendra habiter Paris, rue Boulard, en épousant François venu chercher fortune à Paris.
Elle s’appelait Louise Espérance et elle est morte à Paris rue du Maine dans le quatorzième arrondissement et elle ne saura jamais qu’une de ses descendantes habitent de nos jours à quelques centaines de mètres de là.
- Sa petite fille "Adèle"...